GLOSSAIRE
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- maison (rites de construction). Le choix de l'emplacement de la maison se fait à l'aide des devins; puis on trace sur le sol un carré divisé en 4 par une croix centrale. Le chef de famille va "dans les 4 directions" et rapporte 4 pierres qu'on place au centre des petits carrés. On obtient ainsi le pictogramme de la fécondité. Pour le bois de construction on choisit des arbres qui ne sont pas "violents" (áóéíûå). La construction doit commencer après la nouvelle lune. Sous la première rangée de rondins on place une touffe de laine, une poignée de céréales, de l'encens, de la cire. Parfois on enterre sous la maison une tête de cheval. Pendant toute la durée du montage du sroub (murs en rondins) un jeune arbre avec une icône doit se trouver à l'intérieur de la future maison. La pose de la matitsa (poutre porteuse des planches du plafond, généralement sculptée) était considérée comme particulièrement importante. On y attachait une pelisse, fourrure à l'extérieur, on plaçait une miche de pain, un pirog ou un pot de kacha. En même temps on jetait du haut du dernier rondin du blé et du houblon avec toutes sortes de voeux. On gravait souvent sur la matitsa un pictogramme du tonnerre : roue de Rod avec les six rayons. La maison devait être protégée des mauvais esprits par des oberegs principalement à toutes les ouvertures portail, porte, fenêtres et le toit (foudre). La maison était le lieu d'où partaient pratiquement toutes les cérémonies rituelles qui ensuite étaient reprises par la collectivité entière sur les places, temples et autres lieux consacrés. Le chef de famille était le responsable du rite.

- Makoch ou Mokoch : D'abord déesse assimilée à la Grande Déesse Terre-Mère, déesse de la récolte, de l'abondance, proche de Démèter. Ìà-êîø = Ìàòü óðîæàÿ. Dans cette fonction elle est représentée en été les bras tendus vers la terre (elle montre les prémices des récoltes) ou (au printemps) les bras levés vers le ciel, implorant la divinité supérieure pour que soleil et pluie aident les graines à monter. Cette dernière figure est connue comme l'Orante confondue plus tard avec Sainte Sophie, puis avec la Mère de Dieu. C'est encore sous cette forme qu'elle apparaît dans les broderies. Vers le XIII s. elle devient essentiellement protectrice des travaux féminins, puis se limite à la protection des tisserandes. On l'invoque au mois d'octobre lors des travaux du lin.

- marâtre : dans les contes c'est elle qui est la principale instigatrice de l'exil des enfants dans la forêt. C'est l'image de la "mauvaise mère" que chacun porte en soi. En fait, la plupart du temps, il s'agit d'un exil initiatique lors duquel l'enfant sera confronté à la conjoncion des opposés, en particulier le Bien et le Mal et dont il reviendra purifié, débarrassé des images négatives projetés sur les parents.

- marchand : la Russie kiévienne, celle où prennent naissance la plupart des contes magiques, fait le commerce de fourrures, de miel, de céréales, principalement avec Byzance. Dans les contes le marchand représente l'homme moyen", ni prince appelé à accomplir un exploit, ni paysan plus malin que tout le monde et qui se transforme en prince.

- mariage : Si les jeunes jouissent d'une très grande liberté pour les rencontres avant le mariage ce dernier est considéré comme l'affaire de toute la communauté. Il est organisé par des specialistes : svakha et svat (marieurs). Lors du mariage du fils les biens d'une famille restaient dans l'indivision sous l'autorité du chef de famille. Il pouvait, en se mariant, demander la part que son père voudrait bien lui donner. Dans le milieu paysan (dans la deuxième moitié du XIX siècle) le mariage des enfants dépendait des parents, qui en décidaient au moment où ils atteignait l'âge légal, fixé à 18 ans pour les garçons et à 16 pour les filles. Dans des cas exceptionnels, on mariait le jeune homme à 17 ans; par exemple, quand la mère mourait, laissant beaucoup d'enfants en bas âge, et que le père ne trouvait pas à se remarier; l'aide de la bru était nécessaire. Les jeunes filles et les jeunes femmes n'aimaient pas épouser un veuf à cause des enfants. Pour une jeune fille, l'âge du mariage dépendait souvent de la situation des parents du fiancé. S'ils étaient riches et si le jeune homme plaisait aux parents de la jeune fille, on la mariait dès qu'elle atteignait les seize ans requis. Une jeune fille de plus de 20 ans était considérée comme vieille, et il était très difficile de lui trouver un mari. Une fois la décision du mariage prise il se déroule en 3 étapes : 1° Svatavstvo : les parents du fiancé vont dans la maison de la jeune fille " présenter le futur " et convenir des conditions de l'union et de la dot. 2° Gliadiénié : les parents de la fiancée vont inspecter la maison où vivra la future mariée. On fixe le jour et le lieu du mariage. 3° La journée des cadeaux qui se terminait par un banquet.

- marieuse voir svakha : Son rôle est essentiel dans les préliminaires du mariage. Elle va de maison en maison à la recherche des personnes à marier. Elle organise les rencontres entre les futurs mariés mais plus souvent encore entre leurs parents. Elle préside aux discussions sur la dot et les conditions matérielles du mariage, puis elle est responsable du déroulement de la cérémonie et du respect des clauses du contrat.

- maslinitsa : fête païenne à l'équinoxe du printemps (25 mars) en l'honneur du retour du soleil. Conjuration de la nature à la veille des semailles, c'était une fête joyeuse et débridée avec masques et jeux "de fécondité". On allumait des feux, on y brûlait l'effigie de l'hiver, on faisait rouler une roue de feu dans la rivière. Elle fut violemment combattue par L'Eglise puis déplacée avant le Grand carême. Les blini que l'on continue à manger maintenant était des représentations du soleil et le repas collectif symbolisait la victoire de la lumière sur les ténèbres. On trouve encore dans les campagnes russes des poêles avec des pictogrammes symboles du soleil. On roulait les oeufs peints symboles du début de la vie. On brodait des polotientsa spécialement décorés de rojanitsy et qu'on utilisait lors des invocations : des femmes partaient d'une hauteur (colline ou toit) et chantaient des appels au printemps, en étirant au maximum des vers très courts.

- masques : le déguisement (mascarade) était pratiqué lors de maslinitsa et sviatki; on portait des touloups, fourrure en dehors et des masques d'animaux: ours, cheval (obligatoires) taureau (culte de Volos), chèvre, oie, grue. On n'utilisait pas les masques après la levée des blés. Les masques étaient en cuir et rebrodés de fourrure ou en écorce de bouleau.

- Mat'-syra-Zemlia, Mère-Terre : Grande Déesse du paganisme le plus archaïque. Littéralement Mère-l'humide-Terre, terre arrosée par les eaux célestes fécondantes. Elle n'a jamais vraiment disparu de la vénération populaire. Un grand nombre de gestes rituels sont liés au travail de la terre. C'est le sol, potchva fertile (humus). Dostoïevsky fera du potchvenitistvo l'élément central de sa vision du monde.

- mobilier : jusqu'au XIX siècle, tout le mobilier paysan était fixé au sol : bancs, table, étagères. Il est peint de couleurs vives : vert, blanc, rouge.

- moisson : ensemencement et moissons représentent les moments culminants du drame agraire, immuable. Le rôle de la femme est prédominant pendant la moisson. Des précautions particulières entourent le fauchage de la première et de la dernière gerbe du champ. On prend également le soin d'offrir à la terre, à une divinité ou au maître des champs les prémices des récoltes en signe de respect mais aussi sous forme de sacrifice expiatoire. Au début de la moisson, femmes et filles tressaient des couronnes avec des épis de seigle et les ramenaient à la maison en chantant des chants appropriés. Le temps de la moisson se terminait, comme chez tous les peuples agricoles, par une fête rituelle. Le motif essentiel en est la représentation du dur travail de la récolte, les louanges adressées au maître de maison, l'évocation du bon repas qui sera offert aux moissonneurs. On y trouve des vestiges du régime clanal et de la famille agrandie, et qui sont associés à l'usage de la moisson faite en commun par tout le village, ou de la corvée due au seigneur. Aux champs, l'ordre des préséances clanales est strictement respecté : la mère est en tête des moissonneuses, ayant à main droite sa fille aînée, et ce n'est qu'après la dernière des filles que vient l'aînée des brus. Les chants de la moisson présentent des survivances de caractère magique : l'usage de "friser la barbe" à un bouc ou au polievik (l'esprit du champ), ou à Volos, ou à Elie, ou à Iégori (Saint-Georges), ou encore au Christ, de rendre les honneurs à la dernière gerbe, de confectionner une baba (femme) ou une couronne en épis qu'on décore de fleurs et qu'on rapporte en chantant chez le maître de maison.

- Morena : parfois autre nom pour Koupala; plus souvent déesse de la Mort (ìîð, ìîðèòü); s'est confondu plus tard avec Baba-Iaga. Lors des rites agraires du printemps on confectionne une effigie en paille puis on la noie ou on la brûle et répand les cendres sur le sol à labourer. Dans ce cas l'effigie représente l'hiver.

- mort : la croyance en la transmigration des âmes a été de très courte durée chez les Slaves. Très tôt ils se mettent à croire en une âme éternelle qui séjourne quelque part dans un "troisième" monde : ni terre, ni ciel. Dans les contes, ce monde est souvent appelé le "trois fois neuvième royaume". Les âmes des morts sont très proches de la vie terrestre et profitent de la moindre occasion pour se manifester aux vivants : oiseaux et plus généralement tout ce qui "vole" (foudre, vent). L'observation des cycles agraires avec la mort et la renaissance de la végétation forge une perception de la mort qui n'est pas entièrement négative : la vie de l'espèce prime sur la vie individuelle et pire que la mort il y a l'oubli.

- mortier (stupa) ustensile de cuisine, (féminin en russe) symbole du sexe féminin, alors que le pilon symbolise l'homme. Toute sorte de jeux et de rites les utilisaient lors du mariage. Ainsi pour éprouver le caractère de la mariée, on lui faisait moudre de l'eau dans un mortier.