GLOSSAIRE
P

- paganisme/païen Le paganisme panslave prend sa source dans l'Inde védique ou même pré-védique. Il est basé sur la croyance en l'existence d'un monde spirituel ordonné et en une loi de causalité régissant le monde environnant. Donc microcosme = macrocosme. En reproduisant symboliquement un élément (ou mieux tout le système) de l'univers, on avait prise sur cet univers, on entrait en harmonie avec lui et on était protégé du mal. Au cours des âges, l'animisme primitif évolue vers le monothéisme, tout en gardant sa spécificité :
- Culte de la Nature : ciel, soleil, vents, orage, eau, feu... (Svarog, Vélès, Makoch, Dajbog, Semargl, Khors, Peroun…)
- Culte calendaire : Iarilo, fêtes agraires : Maslenitsa, Koupalo, changement de saison…
- Culte des ancêtres s'exprimant par la vénération des étapes d'une vie : naissance, mariage, mort… (Rod, Rojanitsy, Lelia, Lel; et les états émotionnels : Soudbina (destin), Dolia (part échue), Gorié (malheur), Noujda (misère), Zlydnia (méchanceté)
- Culte des divinités spécifiques : foyer, maison, grange, forêt, pré, sources, rivières... (bereguini, domovoï, léchiï, vodianoï, roussalki…)
- Rites de protection contre les esprits du mal (oupri, navii, oborotny…)
Les païens slaves construisaient peu de temples. Les cultes étaient célébrés au sein de chaque famille puis s'élargissaient à toute la communauté et étaient célébrés aux endroits voulus par la Nature elle-même : rivières, arbres remarquables, pierres de forme particulière. Les célébrations étaient conduites par les pères de famille ou les chefs de communauté qui pouvaient désigner des exécutants (jeunes filles pour certaines fêtes agraires). Il existait d'innombrables " spécialistes " pour la divination et la magie.
Le paganisme continua à se développer jusqu'à l'invasion tatare au XIII s. puis survecut dans le dvoeverié. (double foi). Il connaît actuellement un renouveau au sein d'associations proches de la nature

- pain : les invités étaient acceuillés avec du pain et du sel. On laisse du pain sur les tombes le lundi de Pâques et le jour de la Toussaint. On offre des pains nuptiaux le jour des noces. On répand sur les jeunes époux des grains de blé en signe de prospérité. Le pétrissage du pain et sa cuisson sont un rituel qui symbolise le retour à l'abondance lorsqu'il y a eu une grande disette.
Le pain doit flatter l'oeil et prend la forme d'oiseaux ou de couronnes, il peut être bans ou noir, de blé ou de seigle, agrémenté de graines de pavot ou de cumin.

- palekh

- Parascovie

- pattes de poule [maison sur]: maison traditionnelle de la Baba-Iaga. Elle est inspirée de la domovina. Elle symbolise la hutte initiatique. Dans les contes, son entrée est souvent tournée du côté opposé à celui par lequel arrive le héros, le côté de la vie. Le héros doit faire tourner la maison car il ne peut pas passer du côté de la mort.

- pavots et coquelicots, plantes symboliques des mystères d'Euleusis, furent offerts à Déméter pour apaiser sa douleur dans l'oubli d'un sommeil réparateur. Mais cette parabole suggère surtout la mort qui efface tout souvenir avant la renaissance. Ces plantes dotées du pouvoir "magique" de modifier la conscience siéent donc à la Terre-Mère, au sein de laquelle se produisent toutes les transformations : naissance, mort, oubli, résurgence. Le coquelicot des champs contient aussi de la morphine mais en quantité beaucoup moindre que sa soeur le pavot. On en extrait de l'opium depuis l'Antiquité. La morphine est un dérivé de l'opium.

- paysannerie : A la Révolution de 1917, 82 % de la population vivait à la campagne. En outre on considérait encore comme "paysans" même ceux qui vivaient à la ville (artisans, domestiques, ouvriers occasionnels) mais dont les parents directs résidaient à la campagne.

- peigne (greben', ãðåáåíü) : ils sont en bronze puis en os; on les utilise principalement comme démêloirs lorsqu'on lave les cheveux. Instruments destinés tant à la beauté qu'à l'hygiène ils étaient recouverts de pictogrammes de l'eau (onde qui lave et onde des cheveux) et toujours d'une figure-obereg jumelée: deux têtes de chevaux, deux têtes d'oiseau (3-4 siècles avant l'aigle bicéphale, emblème du tsar!). C'est un outil puissant contre les maladies propagées par les poux et les héros des contes les utilisent avec succès contre Baba-Iaga.

- pelena obydennaïa (îáûäåííàÿ ïåëåíà) : toile de lin d'un peu plus d'un mètre qui doit être préparée (lin filé et tissé) en un seul jour pour le jour de Vendredi-du-Lin (Ëüíÿíèöà) actuellement Ïîêðîâ et autrefois la fête de Makoch.

- pelisse (chuba, øóáà) : manteau de fourrure à poils vers l'extérieur. Selon le degré de fortune on porte des pelisses en hérmine, vison, astrakan ou alors en écureuil, putois, raton laveur.

- perles : 1) æåì÷óã : perles d'eau douce, assez abondantes en Russie pour qu'il serve à la décoration des parures paysannes. Elles "vivent" entre 300 et 400 ans. Pour qu'une perle soit en bonne santé la coquille devait être ouverte en plein soleil ; la perle était ensuite tenue un certain temps dans la bouche, puis dans une décoction d'herbes. Si les perles "mouraient" cela annonçait la maladie ou la mort d'un proche. Elles noircissaient dans la main d'un assassin et reprenaient vie dans celle d'une belle jeune fille. 2) perles de verre (áèñåð), d'abord importées de Byzance puis fabriquées sur place. Elles servent à la broderie des oberegs.

- Peroun : dieu de l'orage et de la foudre, et plus tard de la guerre. Protecteur des boïards et de la droujina. Son culte a été rendu obligatoire en 980, lors de la réforme du pantéon païen par Saint Vladimir avant sa conversion au christianisme. Au moment du bapême de la Russie les idoles ont été détruites. L'idole de Péroun qui avait veillé sur Kiev a été jetée dans la Dniepr.

- petch : poêle fait de briques ou d'argile ; la petch occupe la place principale dans l'isba (un cinquième de la pièce principale) et sert aussi bien à préparer la nourrirure qu'à dormir (sur les polati), à sécher pommes et champignons, à tenir au chaud une couvée de poussins, etc. C'est la petch aussi qui abrite l'esprit-protecteur de la maison, le domovoï.
La petch est un obereg à elle seule. Sa poutre d'angle est un endroit sacré. C'est là que l'on prête serment et que se passent les rites domestiques. Cette poutre a parfois une forme anthropomorphe et représente alors l'ancêtre. Dans sa partie supérieure il y a souvent une niche (bouche) destinée à recevoir le placenta des nouveau-nés. On obtenait du feu vivant par frottement d'une quenouille dans une fente de cette poutre. C'est sur la petch que se perche la Baba-Iaga pour prononcer ses incantations.

- pirog : sorte de grande galette fourrée de viande, de champignons ou de légumes.

- pissanka : l'oeuf peint (ïèñàíêà) fait partie des rites agraires du printemps; il doit représenter le monde dans sa totalité : la terre et le ciel. On trouve presque toujours sur les oeufs peints les pictogrammes de la terre ensemencée.

- plancher : généralement en planches peintes en rouge foncé ou bien écru. On lavait le plancher peint et on grattait celui qui était écru au moins une fois par semaine. Pour moins le salir on les couvrait de poloviki qu'il fallait secouer tous les jours.

- pleureuse : dans les rites populaires des funérailles (pominki, mariage), femme qui pleure le défunt ou le départ de la fiançée de sa maison natale. Le talent d'une pleureuse est jugé en fonction de sa capacité d'intégrer dans un canevas traditionnel les éléments biographiques de la personne pleurée.

- pododiéialnik : drap housse pour les couvertures avec une ouverture caractéristique en forme de losange (symbole du champ), par laquelle on introduit la couverture dans cette housse.

- podvig : exploit faisant appel aux qualités morales et spirituelles. Il se distingue de la sainteté en ce qu'il est concentré sur une tâche bien définie et n'englobe pas la vie et la conduite dans sa totalité. Le podvijnik (celui qui accomplit un podvig) n'est pas non plus un blajenyï (bienheureux) : le radical dvig / dvij indique le mouvement, la dynamique, une attitude consciente et active loin de la grâce du bienheureux. Le podvig peut demander tout une vie mais le plus souvent il s'accomplit en crise, dans un élan héroïque qui met en mouvement les forces cosmiques, surnaturelles ou spirituelles.

- polotientsé : 1) essuie-mains avec broderies rituelles 2) ornement en forme d'essuie-mains sur les frontons de l'isba.

- polovik : tapis multicolore tissé à la maison, d'un mètre de large et de longueur variable et dont on couvrait une partie ou tout le plancher de l'isba.

- poniova (ïîí¸âà) : jupe de laine à carreaux portée par-dessus la roubakha par les femmes mariées. Par-dessus on mettait un tablier. Revêtir la poniova symbolisait le passage dans la rude condition de la femme.

- possidelki-soupriadki : veillées des jeunes filles qui filaient ou brodaient tout en racontant des contes, en chantant ou en accomplissant des rites. Généralement elles commençaient en novembre (fin de la préparation du lin).Certains soirs, les jeunes filles préparaient des repas faits de poules et de kacha et conviaient les jeunes gens. Ceux-ci, souvent déguisés, jouaient de toute sorte d'instruments et inventaient des couplets pour faire rire les jeunes filles.

- poule : les poules, les poulets étaient sacrifiés soit par égorgement soit par noyade (sources, cours d'eau sacrés).

- poupée : la poupée est un jouet depuis une époque récente. La représentation du corps humain devait servir à des rites magiques. Ces figurines étaient soit en bois (faites dans un arbre sacré) soit en tissu brodé d'oberegs et parfois remplies d'herbes magiques. Elles n'avaient pas de visage.

- prêtres : dans le paganisme, il n'y avait pas de prêtres au sens occidental, Les rites étaient dirigés par les chefs de famille ou les chefs de communauté. Les volkhvy étaient des magiciens, enchanteurs, sorciers et remplissaient, comme les chamans, deux fonctions essentielles : par l'invocation des esprits, la prière et les procédés magiques, ils contribuaient au travail productif de l'homme (lutte contre les fléaux naturels, sécheresse, gelée, disette, aide à l'agriculture, prévision du temps, etc.) et, d'autre part, ils soignaient les maladies. Par la suite, dans le monde paysan, les fonctions du sorcier et du guérisseur sont souvent distinguées l'une de l'autre, mais elles demeurent longtemps attribuées à une seule et même personne.

- primieta : signe par lequel les divinités païennes exprimaient leur volonté ou leur disposition à l'égard des humains. L'interprétation des primiéty était confiée à des znakhari (étymologiquement "ceux qui savent". Les primiety ont une importance capitale pour toute activité humaine (même de nos jours!)
La signification de certaines primiety était claire pour tous. Lors du mariage la jeune épouse devait casser un pot sur le seuil de la porte. Si le pot ne se brisait pas le couple aura des problèmes de fidèlité. Si elle laissait tomber l'alliance, symbole de l'infini, son mariage ne durera pas. Si la couronne tenue au dessus des époux tombait, celui-ci allait bientôt mourir.

- prislovie : courte incantation magique faisant office d'obereg qui était prononcé avant chaque activité commune ou individuelle. Les plus courantes sont : ñëàâà áîãó, äàé áîã, óïàñè áîæå, ÷óð ìåíÿ, òèïóí òåáå íà ÿçûê, ëåøèé åãî çíàåò!

- pritchelina : partie oblique (rive) du toit de l'isba. On y faisait figurer les eaux célestes avec les gouttes de Rod (ce qui féconde la terre).

- pritchety : les pritchety (formules de lamentation, complaintes) remplissaient les mêmes fonctions que ces rites. Les bonnes plakouchi (pleureuses), pritchitalchtchitsy (diseuses de lamentations) ou voplenitsy ("crieuses") se devaient de connaître à fond le cérémonial que la tradition imposait aux noces et aux funérailles : la pleureuse, aux funérailles d'un père de famille, parlait d'abord au nom de la veuve, puis des enfants, ensuite de la mère, du père, etc. A côté des pleureuses professionnelles, engagées contre rémunération ou venues d'elles-mêmes à l'enterrement, des lamentations étaient également exécutées par chaque membre féminin de la famille. Toute femme, jeune ou vieille, devait savoir réciter des complaintes, art qu'elles avaient acquis sans trop de difficultés : les moeurs paysannes patriarcales avaient, en effet, accumulé une réserve de procédés poétiques, de formules et d'apostrophes consacrées.

- proroub' : trou pratiqué dans la glace pour puiser de l'eau ou pour pêcher (ou s'y baigner).