GLOSSAIRE
D

- Dajbog ( Dajdbog) : dieu de la Lumière du monde (énergie solaire et non pas le disque solaire lui-même). Dajbog parcourt le ciel dans un char resplendissant, attelé de 4 chevaux blancs à crinière dorée. La lumière du jour provient de son bouclier de feu. Par deux fois (matin et soir) il passe la frontière entre les deux mondes, le Haut et le Bas. Le monde d'en Bas est liquide, c'est une suite de la Mer-Océane et Dajbog y voyage d'ouest en est dans une barque tirée pas des oiseaux aquatiques : cygnes, canes, oies. C'est pourquoi l'obereg en forme de cane-cheval protège de jours comme de nuit.
Dajbog est le Géniteur mythique de la noblesse : les premiers princes sont appelés " petits fils de Dajbog ". Son culte est contemporain de l'apparition de la société de classes. A la même époque le calendrier lunaire est remplacé par le calendrier solaire (12 mois). Il dispense la chaleur, grâce à laquelle la nature s'épanouit. Ses animaux sacrés sont les loups. Après l'introduction du christianisme, la figure de Dajdbog est remplacée par celle du Sauveur (Spas).
Mythologie : Peroun, le dieu de l'orage se tenait sur une rive du fleuve Don. Sur la rive opposée les roussalki menaient une ronde. L'une d'elle, Ross, fille du fleuve Don jeta sa couronne dans les flots et chanta pour Peroun :
- Si mon aimé osait affronter les eaux rapides du Don, si mon aimé osait le traverser, mon amour lui serait à jamais acquis.
Le sang de Peroun s'embrasa, il se fit oiseau-bleu et se jeta dans le Don. Mais le Don s'insurgea et le rejeta sur la rive :
- Péroun, fils de Svarog, maître de la foudre et du tonnerre, comment oses-tu nager dans mes eaux.
Alors Peroun envoya un éclair qui traversa le fleuve et frappa la pierre derrière laquelle s'était abritée Ross. Et une figure de feu apparut dans la pierre. Ross porta la pierre à Svarog qui dans sa forge divine sculpta la pierre et le frappa de sa masse. Alors Dajbog sortit de la pierre. Et les devins ne surent jamais si Dajbog était le fils de Peroun qui envoya l'éclair ou de Svarog qui frappa la pierre.
Svarog-Dajdbog-Khors forment la Trinité Ciel-Lumière-Soleil.

- dent : depuis l'âge de pierre la dent ou la griffe d'animal carnassier représente l'animal tout entier et doit en tant qu'obereg faire peur à l'esprit mauvais. En russe comme en français on peut avoir une dent contre quelqu'un.

- derevnia : village sans église (à la différence du selo) qui comprend une dizaine de dvor.

- died (grand père) : ancêtre auquel on vouait un culte. Les diedy étaient bénéfiques et contribuaient à la prospérité de ceux qui les honoraient. Au moment des migrations qui obligeaient les Slaves à quitter la terre des ancêtresü les tombes des diedy tombaient souvent entre les mains ennemies; de ce fait les morts pouvaient devenir maléfiques. C'est ainsi qu'on ne fit plus la distinction entre un mort bienveillant et un mort malveillant. Avec le déclin du culte des ancêtres les diedy devinrent des divinités aux fonctions spécifiques :
Domovoï, died de la maison, tient sous ses ordres les diedy de la cour, de la grange, du séchoir à blé, de la bania. Liechyï : died qui vit dans les fourrés et sait prendre différentes apparences : vieillard, arbre, ours. Toutes les bêtes lui sont soumises et il les protège des chasseurs. Ceux-ci le craignent et évitent les endroits où il se manifeste. Les marais sont habités par kikimora. Elle aime se parer de mousses et de fourrures mais se montre rarement aux humains. Ils l'entendent rire et crier. Comme son compère, le liéchyï, elle aime égarer ceux qui s'aventurent sur son domaine. Ses nombreux serviteurs aiment rendre fous les humains. Quant ils s'en prennent à quelqu'un, c'est jusqu'à sa mort. Parfois ils habitent les vielles femmes méchantes qui n'ont jamais aimé personne et n'ont pas eu d'enfants. Liéchyï et kikimoraont, eux, de très nombreux enfants aux diverses attributions : faire frémir les feuilles, propager l'écho, protéger fruits, champignons, fleurs.Vodianoï est le maître des eaux. Sa barde hirsute et ses longues moustaches sont vertes comme les algues dont il se couvre. Au fond de l'eau, il garde les troupeaux de poissons et accepte volontiers des offrandes des pêcheurs tant que ceux-ci respectent les rites. Les bereguini étaient à l'origine des esprits féminins bénéfiques chargés de protéger (beretch) contre les attaques des esprits mauvais (navii) A la suite de la confusion avec " bereg ", la rive, elles ont été confondues avec les roussalki mais elles continuent à veiller sur les enfants laissées sans surveillance et aident les paysans à trouver leur chemin à travers la forêt et leur indiquent les gués. Elles veillent à la propreté des cours d'eau et si on ne les respecte pas envoient toutes sortes de maladies.
Tout arbre, buisson, cours d'eau possèdait son propre esprit. La croyance aux diedy permettait une relation très individualiste au sacré : c'est le chef de famille qui célébrait les rites et chacun se débrouillait pour être en harmonie avec eux.

- dolia : part de chance et de malchance, destin qui échoit à chaque membre d'une communauté et qui peut être modifié lorsqu'on change de tranche d'âge ou de statut familial. La redistribution de la dolia était toujours accompagnée de rites qui servaient à garantir l'équité du partage.

- dombra : instrument de musique russe introduit en Russie au XIIIème s. par les Mongols. Sa disparition progressive fut liée au fait qu'il accompagnait des chansons satiriques, interdites par le régime tsariste. La dombra réapparaît à la fin du XIXème s. Ses 3 cordes sont accordées en quartes. On en joue avec un plectre dur qui produit un trémolo comparable à celui de la mandoline.

- domovoï : esprit bénéfique, died chargé de veiller sur le foyer (dom = maison) C'est un maître de maison avisé qui aide la famille si celle-ci est unie. Parfois, quand quelque chose lui déplaît il joue de mauvais tours. Tous les esprits domestiques lui obéissent et il a le pouvoir de chasser les oupry et les navii. On n'a donc pas intérêt à l'offencer de quelque manière. Pour le nourrir on place à certains endroits définis de la maison et de la cour des écuelles avec ses plats préférés ; certains préfèrent la kacha, d'autres du lait. Le domovoï aime se tenir près de la petch et lorsqu'on déménage on l'emporte avec soi dans un peu de cendre. Si on le néglige il commence par effrayer en hurlant dans la petch puis par tuer (les asphyxies dans les isbas sont fréquentes).
Il existe de nombreuses statuettes représentant le domovoï que l'on plaçait dans le coin sacré (krasnyï ougol) où l'on mettra plus tard des icônes. Ces statuettes sont toujours en bois, faites, sans doute, dans un arbre sacré.

- domovina : sépulture des anciens Slaves. Construction en bois rappelant une maison (dom = maison); elle peut être soit enterrée dans le kourgane soit à ras du sol, soit encore, être surélevée; c'est alors une domovina-stolp, petite isba de 1,5 x 2 m. avec un toit à deux pentes et une minuscule fenêtre pour placer à l'intérieur différentes offrandes. Elle a sans doute inspiré l'image de la maison de Baba-Iaga " sur pattes de poulet ".

- douze : chiffre sacré dans les sociétés agricoles, c'est les 12 mois de l'année, et par-delà le symbole du renouveau et de l'éternité.

- dragon : la crainte de la sécheresse s'exprime par la lutte du bien et du mal, représentée par la mise à mort d'un dragon meurtrier, crachant le feu, se nourrissant d'hommes et interdisant l'accès aux eaux du lac ou nichant dans une forêt au bord d'une rivière.

- droujina : au IX-X s. entourage et conseil du grand prince formé de boïards comptant 300 à 3000 seigneurs qui exercent les hautes fonctions militaires, judiciaires, et fiscales. Par la suite les principaux boïards entretiennent leur propre droujina. - Dionysos : dieu de l'enthousiasme; s'oppose et compose avec Apollon, dieu du rationalisme. Il représenterait assez " l'âme Russe ", tout comme Apollon représente l'idéal français.
Ce dieu ambigu de l'antiquité hellénique, avant de devenir le patron de la vigne et de s'assimiler au Bacchus romain, possède une personnalité chthonienne complexe, proche des divinités archaïques de la nature. Conçu des amours illégitimes de Zeus et de Sémélé, une mortelle, Dionysos ne termine pas sa gestation dans le ventre de sa mère. Pour le sauver de la furie de Héra, Zeus l'arrache du ventre de sa mère et le porte jusqu'à terme cousu dans sa cuisse, d'où l'expression "né de la cuisse de Jupiter".
Dionysos était considéré, avant tout, comme un dieu civilisateur, bienfaiteur des hommes; c'est lui, en effet, qui leur a enseigné, entre autres techniques de labour l'utilisation de la charrue attelée à des boeufs, le pressage des olives et, bien évidemment, la viticulture, propagée en même temps que son culte et la production de vin, extrait divin, libérateur des âmes et des corps. Dieu des fruits et du renouveau saisonnier, Dionysos est le seigneur de l'arbre, le génie de la sève et des jeunes pousses, celui qui répand la joie à profusion. Il est le maître de la fécondité animale et humaine et la procession du Phallus occupe une place importante dans son culte. Lions, panthères, boucs, chèvres, lièvres, dauphins, sont les animaux proches de Dionysos ainsi que l'âne.

- droujka : "ami de noce". Le terme; dans l'interprétation populaire, signifie à la fois l'ami (droug) du fiancé et le leude du "prince", nom que l'on donne au fiancé. La fonction d'ami de noce comprend des éléments très anciens, souvent magiques, et d'autres empruntés aux cérémonies du mariage dans les classes dirigeantes. Tout d'abord, le droujka est le garde du corps du fiancé ou de la fiancée. Secondement, c'est lui l'organisateur, le maître des cérémonies. Troisièmenent, il a, avec le temps, assumé le rôle des baladins du Moyen Age, des "joyeux" qu'on invitait aux noces. Enfin, sa fonction se confond encore avec celle du sorcier appelé à défendre les épousés contre le "mauvais esprit", contre l'envoûtememt; c'est ce qui explique qu'on le nomme parfois storoj (gardien), ou védoun (savant).

- dvoïeverié (double foi): maintien du culte et des traditions païennes tout en pratiquant le christianisme. L'Eglise orthodoxe après avoir combattu avec violence le dvoïeverié a, dans une certaine mesure, intégré sa vision du monde et ses croyances. Les traces du dvoeverié sont vivaces encore de nos jours non seulement dans le folklore et la pratique religieuse mais également dans le foisonnement des signes-présages, primiety scrupuleusement observés tout en professant une idéologie matérialiste et rationnelle. On le retrouve également dans les superstitions-rites; emploi plus ou moins conscient des oberegs-pictogrammes dans la décoration d'objets chrétiens : églises, icônes, croix, coupes. Mais il est surtout présent dans l'interprétation et l'utilisation des notions chrétiennes : le Créateur est traité comme Rod, le Christ devient un Sauveur proche de Dajdbog; la mère de Dieu est Makoch avec la même fonctionnalité : protectrice de la maternité, de la moisson, du travail domestique. Le Saint Esprit étranger au paganisme n'est perçu que comme "partie de la Trinité". On utilise les croix et les icônes comme auparavant on utilisait les oberegs, rites et prières ont une connotation nettement magique. Le dvoeverié est général jusqu'au XIII s. puis s'affaiblit avec l'invasion tatare (la croyance en un au-delà meilleur devient prépondérante). Il est à la base de nombreuses sectes.

- dvor (unité d'habitation); les dvory sont disposés de préférence le long d'un cours d'eau près duquel se trouve les bani. La route passe de l'autre côté, celui de la façade.