GLOSSAIRE
I

- Iarilo : dieu des forces vivifiantes de la nature (images et statues phalliques); vent et pluie. C'est le "géniteur" associé à la femme "gestatrice". On noyait son effigie en été lorsque, ayant rempli sa fonction fécondante, il était devenu inutile. Des figurines de Iarilo étaient utilisées lors des rites du mariage. Il peut être rapproché de Dionysos fils de Perséphone, le dieu qui meurt et renaît. On le fêtait le 4 juin.

- igrichtcha, igry mejsioly : jeux entre les villages dont l'origine remonte à l'obligation d'exogamie (mariage en dehors de sa propre communauté). Pendant ces jeux-tournois les jeunes gens devaient montrer leur adresse physique et leur force magique. Ils profitaient de ces rencontres pour le choix d'une fiancée (d'un fiancé). Ces jeux étaient généralement associés aux fêtes calendaires, principalement Maslinitsa, Koupalo, Sviatki. Ils consistaient en chants, danses, rondes, courses à pied, sauts, joutes, luttes, maniement des armes, et des jeux ressemblant au colin-maillard, jeu de paume, jeux de palets, etc. Il existait ainsi des sortes de jumelages entre villages, coutume qui s'est maintenue par endroits jusqu'à la Révolution.

- incantation (çàêëèíàíèå) : mots magiques servant à rendre inopérant les esprits mauvais et à l'attirer les bienfaits d'esprits protecteurs. Il existait des incantations pratiquement pour chaque lieu, objet, action. Dans une maison, elles étaient particulièrement nombreuses pour le passage de la porte d'entrée, pour la préparation de la nourriture, pour le coucher des enfants. La langue actuelle en garde des traces dans la bojba, espèce d'appel à l'aide de dieux : åé-áîãó, ñëàâà áîãó, etc.

- initiation : institution propre au régime tribal. Le rite avait lieu au moment de la puberté. Le jeune devenait membre à part entière de la société et acquérait le droit de se marier. Il était supposé mourir et ressusciter sous la forme d'un homme nouveau (mort momentanée). La mort et la résurrection étaient provoquées par des actions symbolisant l'engloutissement de l'enfant par un animal monstrueux qui le dévorait. Après un séjour plus ou moins long dans l'estomac de celui-ci, le jeune était recraché ou rejeté. On construisait pour ce rite des maisons ou des huttes spéciales, qui avaient la forme d'un animal, avec une porte représentant la gueule. Le rite avait toujours lieu au plus profond de la forêt et dans le plus grand secret. Il était accompagné de tortures et de sévices physiques : l'initié était symboliquement brûlé, bouilli, rôti, coupé en morceaux. Pendant les rites on transmettait un enseignement plus ou moins long et sévère : secrets à caractère religieux, règles et normes de la vie sociale. Lors de l'initiation on exigeait que soient surmontés la souffrance et le dégoût.

- isba : maison paysanne traditionnelle, généralement en bois. Dans le Nord de la Russie, pays forestier, on construit des habitations en rondins, le plus souvent d'une pièce de 3 à 7 mètres de côté, dimensions fixées par la longueur des rondins, un toit à deux pans, un plancher de bois et un grand poêle (petch) de pierre ou d'argile. L'isba peut être doublée; elle s'appelle alors piatistenok (cinq murs) le cinquième mur étant la cloison entre les deux unités. C'était un signe de prospérité.

- ivraie : seule graminée à être toxique; sa ressemblance avec les céréales cultivées la rend souvent difficile à identifier. Ses effets ressemblent à ceux de l'ivresse alcoolique. Cette mauvaise herbe était jadis redoutable parce qu'elle se mélangeait au blé et que son grain se confondait aisément avec celui de la céréale noble, était à l'origine de graves accidents toxiques : paralysie respiratoire, accélération du rythme cardiaque entraînant la mort. L'Evangile conseille de trier la récolte, de séparer le bon grain de l'ivraie.

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